J’avais beaucoup de rêves à réaliser, de projets à cocher avant mes 30 ans. Comme j’ai les yeux souvent plus gros que le ventre et un appétit de la vie en conséquence… j’en avais bien entendu un peu trop ! Mais certains valant beaucoup plus la peine que d’autres, je me suis accroché. L’un d’eux? Je te l’annonçais il y a quelques semaines.

Petite fille de libraire, j’aime les livres. J’aime écrire, me plonger dans des histoires rocambolesques. J’avais donc un rêve, en revenant de mon camino. Le raconter. Partager. Rendre hommage à toutes ces belles rencontres, ces moments incroyables. Et puis le quotidien est vite revenu au galop. Les urgences de la vie. Ecrire une page. La supprimer. Se dire qu’on est nulle et que n’est pas JK Rowlings qui veut. Rester dans sa zone de confort et abandonner ce projet. Le reprendre. Ainsi de suite.

Il y a un an j’écrivais :

« Je ne sais pas où me mènera cette aventure. Si je trouverais un éditeur. Ce que deviendra ce livre. Mais dans tous les cas je suis juste heureuse d’avoir mené à bien ce rêve et d’avoir réussi à croire en moi. Ce n’était pas gagné mais j’en suis fière. Parce que mon rêve mérite d’être écrit noir sur blanc, même s’il est fort probable que j’écrive une bouse. MA bouse. Je continue entre deux journées de boulot, dans le train, le matin au gré de mes réveils matinaux… à avancer sur ce projet qui me tient tant à cœur. »

Aujourd’hui, c’est avec beaucoup d’émotions que je peux ENFIN vous annoncer que mon livre est disponible dès aujourd’hui à la Fnac, chez Cultura sur Amazon et dans de nombreuses librairies indépendantes dans ta région !

Ceux qui ont suivit l’aventure depuis ses débuts savent que je rêvais de trouver un éditeur. Ecrire est une chose, éditer en est une autre…et je souhaitais de plus que mon livre soit disponible ailleurs que sur Amazon. C’est chose faite à partir d’aujourd’hui, et je suis.. on ne peut plus heureuse de commencer cette nouvelle aventure avec Talent Editions.

Voyons voir… la nouvelle couverture …

ça change un peu de l’ancienne non ?

Mais il n’y a pas que ça … la version 2.0 vous réserve quelques surprises :

💚 le texte a été entièrement revu et nous avons fait beaucoup de corrections et quelques modifications afin d’alléger et de rendre la lecture plus agréable

💚 la mise en page a été totalement modifiée, afin de le rendre plus quali

💚 les photos ont été ajoutées ! vous étiez nombreux à me les demander…. je suis hyper heureuse d’avoir pu les ajouter

💚 le prix a été baissé

💚 le titre a été un peu revu

Je te laisse avec le descriptif…

« Une vie bien remplie, le travail, les amis, le sport, et le tout qui défile à toute
vitesse… Ça vous dit quelque chose ? C’était le quotidien de Camille qui,
comme beaucoup, avait terriblement besoin d’appuyer sur « pause ». Plus
facile à dire qu’à faire !

Mais en 2018, c’est le déclic. Cette idée qui lui a toujours trotté dans la tête
refait surface… Partir sur Compostelle pour trouver les réponses à toutes ses
questions. Et si c’était le moment ? C’est ainsi que démarre son incroyable
aventure. Seule, huit kilos sur le dos, et l’espoir d’en ressortir grandie.

Partez sur ses traces, et découvrez le chemin historique de Bayonne à
Saint-Jacques-de-Compostelle qui s’achèvera au km 0 à Fisterra, dans ce
carnet de voyage fait de rencontres atypiques, de questionnements philosophiques
et de souvenirs impérissables. Une épreuve tant physique
que mentale dans laquelle on la voit, étape après étape, évoluer et se
reconstruire.

Un magnifique roman d’aventure de 38 jours et plus de 1 000 kilomètres
sur le Camino. »

PREMIER  CHAPITRE.

Bayonne à Saint-Jean-de-Luz

« Chaque homme doit inventer son chemin. »
Jean-Paul Sartre

Paris s’éveille. Et moi je la quitte. J’observe une dernière fois mon appartement, je ne le reverrai pas avant quarante jours. Je m’assure d’avoir bien fermé la porte. Une fois, puis deux, puis quatre. C’est la première fois que je pars aussi longtemps. Je mesure tout d’un coup la portée de ma décision. Hésite. Respire à fond. Observe mon paillasson. Partir pour mieux revenir ? J’espère ouvrir de nouveau cette porte dans quelques semaines en ayant grandi. J’espère surtout ne pas perdre ma clé pendant ces longs jours de pèlerinage ! Les minutes passent et le temps presse. Mon sac sur les épaules, je descends mes sept étages. Rituel bien connu qui revêt ce matin une tout autre dimension. Mon paquetage de huit kilos se fait sentir, je vacille légèrement. L’escalier en bois craque,  gémit. Je sors, humant l’air frais. Le compte à rebours a commencé, m’invitant à presser le pas. 

Dans l’aube parisienne, le chassé-croisé des premiers « costard-cravate » vient de débuter. Le métronome bien cadencé des sorties de métro accompagne le trafic naissant. Atome renégat, je me fonds dans le cortège des travailleurs. Longeant les immeubles haussmanniens, je détonne dans le décor, avec mon énorme sac à dos et mes chaussures de marche. Quelques regards incrédules suivent ma démarche élastique, mon air ébouriffé et surexcité. Je sautille presque jusqu’à la bouche de métro, ragaillardie par cette sensation juvénile d’aller à contre-courant… À quel moment ai-je ressenti ce besoin irrépressible de faire une sortie de route ? De partir à l’aventure en laissant derrière moi le quotidien ? Je me glisse tant bien que mal dans le wagon. Comprimée entre mes compatriotes métropolitains je n’ai qu’une seule envie… fuir. Les laisser s’agglutiner de bon matin et se battre pour quelques centimètres d’espace vital dans leur tunnel infernal. Pendant que moi je m’en vais prendre une grande bouffée de liberté. Un bon bol d’air frais, de paysages, de solitude. Tout ce dont Paris m’a privée ces dernières années. Paris, ville de mes rêves qui m’a rapidement fait déchanter. Ville lumière, dont les beautés finissent par me laisser indifférente. Je me reprends : Paris, je l’ai voulue pendant très longtemps. Je l’ai eue. Ce n’est pas elle qui m’a déçue, c’est simplement moi qui ai changé. Comme dans une relation qui touche à sa fin : je n’ai plus les mêmes attentes, les mêmes envies voilà tout. Compostelle sera peut-être un moyen de nous réconcilier ? Une pause, pour recommencer notre relation sur de meilleures bases. Mais pour l’instant je quitte le tumulte parisien avec délectation, et murmure un dernier au revoir en direction de la gare Montparnasse, son brouhaha et son effervescence incessants.

Confortablement assise dans le train, je savoure ces dernières heures de « consommatrice du voyage ». Bientôt chaque kilomètre se comptera en dizaine de minutes. Et non en secondes. Encore quelques arrêts et je serai officiellement une pèlerine. L’excitation ne me quitte pas. J’ai du mal à rester concentrée, mon cerveau s’échauffe, mon cœur bat fort. Mon pouls s’emballe à mesure que le temps passe. L’aventure est là, toute proche. Suis-je vraiment prête ?

Les derniers jours sont passés si vite, je n’ai pas eu le temps de prendre du recul sur l’aventure que je m’apprêtais à vivre. Je me revois pleurer de stress à quelques heures du départ, me demandant bien pourquoi je m’étais lancé ce projet fou : « Je ne vais jamais y arriver, 40 jours de randonnée, mais pourquoi avoir eu cette idée à la con ? » Il avait été si facile de lancer à qui voulait l’entendre « je pars bientôt, faire Compostelle en entier », de me projeter depuis des semaines sur ce départ. N’était-ce pas un simple caprice, post-crise de la trentaine ? Était-il encore temps de tout laisser tomber et d’oublier ce projet fantaisiste ? Mais me voilà dorénavant ici, impatiente de commencer. 

[…]

Bayonne. Enfin !!! Me voilà ! Je sors de la gare, sous un soleil bienveillant. Prends le temps de mesurer l’importance de ce moment. Et effectue d’une manière solennelle mon premier pas, le plus excitant. Celui qui marque le début de l’aventure. C’est pourtant le mouvement le plus ordinaire qui soit : voilà, je marche. Un pied devant l’autre. Rien de spectaculaire, pas de feu d’artifices. Pas de saut dans le vide ni d’effets spéciaux. Je me fonds dans le paysage. J’avance machinalement, les muscles se délient et tout implose en moi.  On y est ! Mon chemin commence ! La première escale arrive vite puisque je dois me rendre à la cathédrale de Bayonne pour faire estampiller ma crédencial. Je pénètre dans l’ancienne bâtisse et intercepte résolument un homme de foi pour me faire tamponner… façon de parler ! Le petit bonhomme m’annonce que son collègue vient de partir. Je me décompose, insiste. Je ne partirai pas de cette cathédrale sans le coup de tampon sur ma crédencial toute neuve. Je suis têtue. L’homme de foi a juré patience et miséricorde. Le combat est inégal… Je ressors quelques minutes plus tard avec ma crédencial inaugurée. Mon premier bras de fer chrétien aura été plutôt simple : il suffit de quelques bons arguments et sourires angéliques pour qu’un passionné du Christ fasse demi-tour et interrompe la pause-déjeuner de son confrère pour mes beaux yeux ! Mes jambes de pèlerine néophyte ne tiennent plus en place, je peux enfin bondir sur ma première coquille – fléchage que je suivrai jour après jour.

Je quitte les abords de Bayonne, longeant cafés et restaurants bondés pour enfin entrer dans mon aventure. Le premier panneau officiel apparaît, annonçant le « Chemin de la côte KOSTA BIDEA Hendaye Irun ». Je serai à Hendaye ce soir et Irun demain, parcourant les dernières étapes d’un chemin que je voulais prendre plus au nord, à l’origine. Mais des changements professionnels m’ont contrainte à réduire mon parcours et commencer plus près de la frontière espagnole. Je repense au choix du chemin, qui a été cornélien. Il existe tellement de variantes pour se rendre à Compostelle ! Si j’avais eu plus de temps, je serais partie du Puy-en-Velay, départ emblématique, choisi par ma mère en 2011. Mais j’ai dû écourter les deux mois de vacances nécessaires à ce périple. Et repenser tout mon parcours. Ce sera donc le Camino del Norte, dont je connais déjà quelques étapes pour les avoir parcourues il y a deux ans. Puis, après Compostelle, je pousserai sûrement plus loin pour aller « au bout du monde » : à Fisterra. Enfin d’ici là, on verra bien. Mon organisation, perturbée par mes recherches d’emploi, aura été assez sommaire. Alors que tout le monde me pense ultra préparée et organisée comme jamais, je pars plutôt « à l’arrache ». Mais c’est aussi cela le chemin et je l’ai déjà compris en effectuant quelques semaines de pèlerinage ces dernières années : se laisser porter, accepter qu’on ne puisse pas tout planifier et accueillir le hasard des rencontres et de la vie.

[…]

Le chemin s’adoucit et la vue s’étire enfin devant mes yeux. Jusque-là, le paysage aura été peu engageant et particulièrement monotone. La côte apparaît, tout en nuances de bleus et falaises vertigineuses. Je m’autorise une pause bien méritée, face à cette immensité. Personne ne peut venir troubler ce moment, pas même mon portable, qui est éteint. À cet instant, je suis hors du temps, hors des radars, hors de tout. Depuis ce midi, je n’ai fait qu’avancer, bon petit soldat avalant les kilomètres. Je touche enfin un avant-goût de cette liberté que m’offre le chemin. Aller là où je souhaite aller, m’arrêter quand il me plaît. Avancer, admirer, repartir, manger… Seule décisionnaire du tempo et de ces instants qui m’appartiennent. 

Je n’arrive plus à repartir, happée par l’immensité devant moi. Les vagues se déroulent inlassablement, les oiseaux filent sur l’horizon orageux. L’évidence me percute : depuis quand n’ai-je pas organisé mon temps en fonction de mes envies, de mes besoins ? Depuis combien de temps suis-je obligée de jongler entre obligations, transports, amis, paperasses… quand ai-je passé une journée loin de toute contrainte et surtout loin de tout planning imposé ? Les derniers mois ont été consacrés à la recherche d’un travail, à la préparation d’un trail de 60 km. D’un côté des choix cruciaux pour mon avenir, de l’autre des dérivatifs exigeants. Rien n’a été laissé au hasard, tout a été minutieusement chronométré. Je joue au quotidien un rôle dans « Top cadre », ou « comment me comporter comme une cadre parfaite des temps modernes ». Être à l’heure au boulot : check ! Faire du sport : check ! Boire un Perrier rondelle hors de prix en terrasse à Paris : check ! Rencontrer des inconnus après un rapide swipe sur Tinder : triplecheck ! Leur trouver aussi peu de substance devant un plat de lasagnes qu’au lit : quadruple check !  Recharger mon pass Navigo, sourire aux blagues nauséabondes d’un manager macho, m’épiler au poil près, me mettre en guerre contre la cellulite, égrener les minutes chez Zara… La vie à Paris se veut palpitante, toujours plus bouillonnante… Elle a fini par m’épuiser. Sur ce banc, loin de tout, je me rends compte que je ne sais plus profiter de l’instant. J’ai du mal à me laisser aller à la simplicité des choses. Mes vieux démons me rattrapent : « Il ne faut pas oublier de faire ceci, d’arriver à cette heure-là… » Mon cerveau ne sait plus rester inoccupé, cela fait longtemps que le moment présent n’est qu’un filigrane sur lequel il anticipe déjà les prochains coups

Bonne lecture !